Trente organisations de défense des droits de l’homme ont demandé la libération immédiate de l’avocat des droits de l’homme, Khalil Maatouk, et de son assistant, Mohamed Thatha, à quatre ans après leur disparition forcée.
Les deux hommes auraient été arrêtés le 2 octobre 2012 à un poste de contrôle des forces gouvernementales, alors qu’ils se rendaient au bureau de Maatouk à Damas, en provenance de son domicile à Sahnaya. Malgré les demandes réitérées de renseignements des familles et des collègues auprès du bureau du procureur général au cours des années 2012 et 2013, les autorités syriennes ont nié avoir arrêté les deux hommes.
En dépit de ces dénégations, des personnes remises en liberté par le gouvernement en 2015 ont signalé à la famille de Maatouk qu’elles avaient vu leur fils à plusieurs reprises dans des centres de détention gérés par le gouvernement, y compris les sections 285 de la Sûreté de l’État et 235 du service de renseignement militaire à Damas. Depuis ce jour, les familles ignorent où se trouvent les deux hommes.
Dans les centres de détention administrés par les forces de sécurité du gouvernement, la torture sévit et les conditions sont inhumaines et déplorables. Plusieurs milliers de détenus y ont trouvé la mort depuis 2011. D’anciens prisonniers de la section 235, où Maatouk aurait été vu en 2015, ont affirmé que les conditions y étaient précaires, avec des cellules surpeuplées et un accès insuffisant à la nourriture, à l’eau et aux installations sanitaires. Un ancien détenu, qui a préféré garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, a déclaré que cinq hommes perdaient la vie chaque jour des suites de maladies ou de la torture.
Les organisations ont exprimé leur vive inquiétude face à ces conditions qui mettent en péril la vie de Maatouk. Celui-ci souffre en effet d’une maladie pulmonaire à un stade avancé, nécessitant des soins de santé et des médicaments spécifiques qui ne lui sont pas administrés selon certains rapports locaux.
Les raisons de l’arrestation des deux hommes demeurent inconnues, mais il est fort probable qu’elles soient en rapport avec la profession de Maatouk en tant qu’avocat des droits de l’homme spécialisé dans la défense des prisonniers politiques ; il est également directeur du Centre syrien pour les recherches et les études juridiques.
Maatouk et Thatha n’ont toujours pas été relâchés, malgré les appels lancés par les organismes et les militants des droits de l’homme pour mettre fin aux disparitions forcées, à la torture et aux autres traitements dégradants dans les centres de détention. La résolution 2139 du Conseil de sécurité de l’ONU votée en février 2014 exige la libération de tous les détenus arbitraires, un appel réitéré dans la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité des Nations Unies le 17 août 2015.